Les chameaux, symboles d’humilité, de loyauté et de purification spirituelle, sont des animaux profondément enracinés au Moyen-Orient. Depuis des temps anciens, la culture saoudienne a pleinement cohabité avec les chameaux, utilisés comme moyens de transport sur les anciennes routes du golfe Persique jusqu’à La Mecque et Médine.
Connus sous le nom d’Ata Allah (le Don de Dieu) pour leur apport de lait abondant, de textiles grâce à la fibre et au feutre de leur poil, et leur capacité à survivre de longues périodes sans manger ni boire, idéals pour parcourir de longues traversées du désert, les chameaux sont respectés et admirés dans la culture arabe traditionnelle…
C’est pourquoi, en 2009, dans la ville transformante de Dubaï, située au cœur des Émirats arabes unis et sous le regard fidèle du golfe Persique, s’est produit un jalon historique qui révolutionnerait la biotechnologie dans la péninsule Arabique et dans le monde entier : la naissance du premier chameau cloné au monde. Sa signification divine et son importance pour la culture arabe ont favorisé une avancée dont le précédent remonte à la naissance de la brebis Dolly, en 1996, grâce au transfert nucléaire de cellules somatiques (TNCS).
Un accomplissement majeur pour la science et la culture arabe
Cet événement historique a représenté un immense accomplissement pour la communauté scientifique et pour le monde arabe.
Obtenir ou atteindre ce que l’on essaie ou souhaite.
Telle est la signification d’accomplissement, et c’est bien ce qui a été obtenu dans les laboratoires lors de la tentative réussie d’obtenir la naissance d’un chameau grâce à des techniques de clonage.
L’ampleur de ce jalon fut telle que le chameau nouveau-né reçut le nom Injaz, qui signifie accomplissement ou prouesse en arabe.
Comment Injaz est-elle née ?
Injaz, le premier chameau cloné de l’histoire (femelle), naît en avril 2009 par transfert nucléaire de cellules somatiques (TNCS), le même procédé que celui utilisé avec la brebis Dolly treize ans plus tôt.
Tout d’abord, un chameau de grande valeur et au vaste historique documenté a été sélectionné. Cette étape peut être définie comme la plus importante, car la nouvelle progéniture sera identique au donneur ; il faut donc s’assurer de la valeur de son prédécesseur.
Étapes en laboratoire
Après l’obtention d’un petit fragment de tissu, une culture cellulaire a été établie selon des protocoles définis.
Ce tissu épithélial a été traité pour réaliser une culture cellulaire. Ensuite, il a été incubé et les cellules ont commencé à se répliquer à partir du tissu, générant une lignée cellulaire stockée dans l’azote liquide comme source de noyaux donneurs. Ainsi, une fois tout le matériel prêt, le processus de TNCS a pu commencer.
TNCS du noyau donneur à l’ovule préalablement énucléé
Comme ils l’indiquent dans leurs rapports, ces cellules somatiques générées à partir de donneuses d’ovules ont été utilisées pour transférer leur matériel génétique dans un ovule préalablement énucléé. Après la sélection de la cellule somatique, celle-ci a été fusionnée avec l’ovule. De cette manière, le matériel génétique de la cellule donneuse a été activé pour commencer son développement dans l’ovule énucléé et produire un embryon cloné.
Après différents processus, les embryons étaient prêts à être transférés dans des femelles chamelles receveuses. La grossesse ayant été confirmée avec succès, le petit cloné est né après une période de 378 jours : c’est ainsi qu’est né le célèbre Injaz.
Cette naissance a constitué un précédent historique, puisqu’il s’agissait du premier chameau cloné. Des rapports récents, publiés après cet événement, confirment que le clonage de chameaux a depuis lors été mené à bien, avec des résultats encore améliorés grâce à la méthodologie de clonage.
Avancées grâce à la naissance d’Injaz
Grâce à la naissance d’Injaz et à la recherche continue dans le domaine de la réplication génétique, on peut aujourd’hui affirmer que l’un des objectifs du clonage est d’« éliminer » le concept d’« animaux en danger d’extinction ». Maintenir et préserver le patrimoine génétique et culturel des chameaux a permis de sauver l’espèce du chameau bactrien sauvage, une espèce à deux bosses qui était en danger critique d’extinction.
Après le clonage réussi de cette espèce en 2017, le risque d’extinction a diminué ou a disparu, puisque la conservation de sa lignée génétique dans l’azote liquide offre la possibilité de la répliquer à tout moment. Sans l’arrivée d’Injaz en 2009, cela ne serait pas possible.